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Le PSSM France, vu avec son fondateur Jacques Marsecaux |
En France, le programme de Premiers Secours en Santé Mentale est présidé par Jacques Marescaux, professionnel en retraite, ancien directeur d’établissements et d’associations dans le secteur de la santé mentale, ancien Président de Santé Mentale France. Jacques Marescaux a accordé un entretien aux Bons clics du Céapsy.Un socle scientifique pour une approche grand publicPour trouver l’origine du PSSM, il faut revenir à l’année 2017, lorsque Michael Bardonnet et Brian Smith de l’INFIPP (organisme de formation dans le champ de la santé mentale) se sont tournés vers Jacques Marescaux alors qu’ils cherchaient une formation spécifique en santé mentale pour l’un de leurs clients. Jacques Marsescaux : « En France, nous avions beaucoup d’initiatives, mais aucune ne répondaient à leurs critères de recherche. En cherchant sur le net, ils ont découvert le programme de MHFA (Mental Health First Aid) en Australie. Nous avons immédiatement perçu l’originalité et la qualité de cette formation qui s’adresse au grand public et qui repose sur un socle scientifique incontestable. »
Des standards internationaux, une déclinaison localePSSM France, avec le concours de l’INFIPP et de l’UNAFAM, a décliné la formation dispensée par le MHFA Australia afin d’obtenir une formation unique en son genre : « Certes, nous avons de nombreuses initiatives sur le territoire qu’il convient d’encourager, mais en terme de formation, nous disposons désormais d’un outil unique dans le domaine de la santé mentale. D’abord, la formation est standardisée au plan international : les thèmes abordés sont les mêmes dans chaque pays où elle a été adoptée — déjà une vingtaine à ce jour : Angleterre, Canada, Danemark, Etats-Unis, Finlande, Inde, Irlande, Japon, Pays-Bas, Suède, Suisse… Ensuite, elle est déclinée selon le contexte du pays. Ainsi, en France, la formation a été adaptée à la culture et au système de santé français. Enfin, elle est régulièrement évaluée et mise à jour en fonction de l’avancée des connaissances scientifiques du domaine. »
Une démarche ambitieuse« Avec le PSSM France, notre ambition est de donner à des secouristes la faculté de détecter l’apparition des premiers signes de troubles fréquents (tels que la dépression, les troubles anxieux, la psychose, la consommation abusive de substances comme l’alcool, les drogues ou les médicaments…) et d’acquérir des réflexes permettant d’adopter le comportement le plus ajusté à chaque situation et d’aider les personnes à aller vers les professionnels ou à obtenir un soutien non professionnel ». Pour ce faire, le PSSM France — comme son grand frère australien — repose sur un système de formation payante à deux étages, avec d’une part une formation aux premiers soins (dispensée en 14 heures), et d’autre part, pour un plus petit nombre, une formation pour devenir « formateur » (en 35 heures).
Les premières promotionsLa démarche PSSM France en est au commencement. En 2019, ce sont surtout des professionnels concernés par les troubles psychiques qui se forment. « Mais demain, nous souhaitons atteindre le grand public et des professionnels de tous horizons : pompiers, enseignants, policiers, agents d’accueil, personnel des ressources humaines en entreprise… », précise Jacques Marescaux. En septembre 2019, une première promotion de « formateurs » a déjà été formée (voir ce lien https://pssmfrance.fr/nouveaux-formateurs-pssm/). C’est bon signe, surtout qu’à l’échelle nationale, le PSSM ambitionne la formation de 500 000 secouristes en 10 ans.
Un enjeu épidémiologique, mais aussi économiqueL’importance du PSSM est manifeste lorsqu’on sait que parmi les 10 premières pathologies les plus répandues en France, on en identifie 4 qui relèvent de la santé mentale. Jacques Marescaux de préciser : « On le sait peu, mais les troubles psychiques sont la première cause d’invalidité en France. Surtout, les pathologies liées à la santé mentale représentent le premier poste de dépenses en termes de santé publique ». Si un quart de cette dépense est prise en charge par la puissance publique (soit environ 25 milliards sur 109), les 3/4 sont directement pris en charge par les particuliers ou par les entreprises. Cela vient s’ajouter à la souffrance considérable des familles.
Intervenir rapidement, un enjeu capitalJacques Marescaux souligne surtout que « plus la détection d’un trouble psychique intervient tôt, plus on a de chance que la personne concernée intègre un parcours de soin adapté de façon douce ». Inversement, lorsque la détection est tardive, le délai se répercute sur toutes les étapes du parcours de soin : acceptation du trouble, prise en charge, accompagnement, médication éventuelle… Cela peut entrainer un risque d’aggravation du trouble et, dans certains cas, contribuer à l’installation dans le handicap, ou à des soins dispensés sans consentement.
PSSM et dé-stigmatisationL’action du PSSM France vise également la dé-stigmatisation des troubles psychiques dans la société. Jacques Marescaux : « L’image sociale des troubles psychiques est complètement faussée. C’est dommageable pour les personnes concernées, pour leur famille et pour les institutions chargées de les accompagner. Le comble, c’est de constater une sorte d’auto-stigmatisation qui est dévastatrice, notamment en termes d’isolement social ». Grace aux informations qu’ils dispensent, les promoteurs du PSSM France ambitionnent de contribuer tangiblement à une meilleure perception des troubles psychiques en France.
Octobre 2019 |