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Les Bons Clics
Le dossier des clics

la licence « MSP » de Paris XIII

 

Pour présenter la licence générale en Sciences Sanitaire et Sociale parcours Médiateur de Santé-Pair dispensée par l’université Paris XIII, nous avons interviewé Bérénice Staedel, chargée de mission Programmes Médiateurs de Santé-Pairs - QualityRights OMS du CCOMS* à l'origine de cette licence.

 

Pourquoi le CCOMS a-t-il décidé de mettre en place la formation MSP ?

Dès 2010, grâce à notre rayonnement international,  nous avons identifié l’essor de la fonction de Médiateur de Santé-Pair, particulièrement dans les pays anglo-saxons et les pays du nord. Nous avons observé l’impact positif des MSP sur les pratiques en psychiatrie et leur apport vis-à-vis des personnes en souffrance psychique.
Nous avons également identifié les formations liées à cette nouvelle fonction : des formations courtes qui accordent une grande place à l’expérience de terrain et qui donnent lieu à l’obtention d’un diplôme qui confère la légitimité nécessaire pour travailler dans les institutions sanitaires et médico-sociales.
Fort de ces observations, en 2012, nous avons créé le Diplôme Universitaire MSP, en collaboration avec Paris VIII, au sein de trois régions : Nord-Pas-de-Calais, PACA et Île-de-France. En 2018, afin de créer un diplôme encore mieux reconnu par les équipes sanitaires et médico-sociales, nous avons mis un terme au DU pour créer la licence générale Science Sanitaire et Sociale parcours Médiateur de Santé-Pair ».

 

Quelles sont les modalités d’accès à cette licence ?

La formation est délivrée par l’université Paris XIII, à Bobigny. Elle n’est ouverte qu’à des personnes déjà en poste et dont l’équipe est partie prenante pour être elle-même accompagnée par le CCOMS pour la création du poste de MSP – j’examine aussi quelques candidature spontanées. La formation dure un an, avec une alternance de cours (une semaine par mois) et de travail en poste. Pour candidater, il faut détenir un Bac +2 ou, ou procéder à une validation des acquis.

 

Quels retours avez-vous des étudiants sur la formation ?

Pendant leur formation, les étudiants nous disent qu’ils ressentent l’exigence de l’enseignement. Cela tient principalement aux nombreuses productions écrites à rendre et aux périodes de stress qui précèdent les examens. Cette « exigence » participe à une meilleure légitimité des futurs MSP, elle contribue également à rassurer les équipes d’accompagnement. A postériori, les étudiants sont très satisfaits de l’enseignement, notamment par ce qu’il appréhende bien la question de l’intégration dans les établissements. Sur 35 étudiants diplômés en 2018, 30 sont toujours en poste actuellement !

 

Quelles sont les plus-value de la formation proposée par le CCOMS ?

D’abord, précisons que notre formation est conçue en vue de la meilleure intégration possible des diplômés dans leur nouvel univers professionnel. 
S’il fallait donner trois plus-values, je parlerais d’abord de la priorité que nous donnons à l’enseignement des techniques d’accompagnement à visée thérapeutique. Il ne s’agit pas de savoir « faire du bien », mais bel et bien d’acquérir la maîtrise d’un certain nombre de pratiques professionnelles – c’est toute la différence entre l’entraide et le « travail pair ».
Ensuite, j’évoquerais l’enseignement sur le fonctionnement des institutions (organisation du soin, accompagnement, la vie institutionnelle…), qui vise à ce que les MSP soient plus à l’aise dans leur poste. Ce n’est pas parce qu’on a fréquenté une institution que l’on sait comment toutes fonctionnent.
Enfin, je mentionnerais la place que nous accordons à l’enseignement des principales notions de psychopathologie.  En tant qu’usager, la personne a été informée sur sa pathologie (symptômes, moyens thérapeutiques…). Dans la licence, on étudie le panorama des maladies psychiques, les termes professionnels, pour naviguer dans un nouvel univers et éviter d’être en difficulté dans les temps d’échange entre professionnels.

 

Pourriez-vous nous indiquer deux points de vigilance vis-à-vis de l’intégration des MSP et nous proposer deux leviers d’amélioration ?

Dans la perspective de  déploiement et de consolidation du travail pair, le CCOMS n’était pas en mesure de maintenir le lien avec l’ensemble des étudiants des promotions antérieures, or il s’avère que les MSP ont besoin de temps de rencontre pour enrichir leurs pratiques et discuter de leurs difficultés. Pour permettre ces échanges dans le meilleures conditions de liberté de parole, le CCOMS a sollicité le Céapsy, afin qu’il offre un lieu-ressource neutre pour les échanges entre MSP franciliens.
Par ailelurs, nous avons observé que les MSP sont souvent confrontés au « sentiment d’imposteur ». En effet, lorsqu’ils arrivent en poste, ils ressentent un sentiment d’inutilité dû au fait qu’ils n’accompagnent pas encore véritablement, alors qu’ils perçoivent déjà une rémunération. Pour ma part, j’insiste toujours sur le fait qu’il convient d’être patient et de profiter des premiers temps pour observer le fonctionnement de l’équipe. Le MSP et l’équipe ont besoin de temps pour trouver leurs marques respectives. Le poste doit être co-construit au fur et à mesure, afin d’élaborer les missions précises de cette nouvelle fonction.

 

 

* Le CCOMS, Centre Collaborateur de l’Organisation Mondiale de la Santé pour la recherche et la formation en santé mentale, est installé dans un EPSM (Etablissement Public de Santé Mentale) labellisé « Centre collaborateur » par l’OMS, déployé dans la métropole Lilloise. Il est composé d’une équipe de 25 personnes, ainsi que d’un réseau de personnes qualifiées et d’un conseil scientifique consultatif. Il est l’un des 800 centres dans le monde à mener des activités de soutien en faveur de l’OMS.

 

 

Pour en savoir plus sur le CCOMS et la Licence générale « science sanitaire et sociale-parcours MSP »

 

 

Octobre 2020